L’art du portrait a une place particulière dans l’histoire de l’art. Depuis l’Antiquité à nos jours, le portrait a été l’un des moyens de captiver l’essence d’une personne, de la représenter de façon ressemblante ou idéalisée et de caractériser une époque.
Le portrait a été une source précieuse d’informations sur le rapport à l’image et à la représentation à travers les siècles. Il a permis de conserver une trace des personnalités illustres qui ont marqué l’histoire et de renseigner sur les coutumes de chaque époque.
D’abord utilisé comme rite funéraire dans l’Antiquité pour commémorer les défunts, le portrait est devenu à l’époque romaine un moyen de glorifier les guerriers et les empereurs. Au Moyen Âge, les portraits de la Vierge et des saints deviennent un support à la dévotion religieuse. À la Renaissance, l’art du portrait rencontre un engouement sans précédent. Les riches mécènes et les têtes couronnées commanditent aux maîtres italiens et flamands des portraits toujours plus élaborés et majestueux. Sous l’Ancien régime, le portrait d’apparat devient la norme et participe de la glorification de la royauté.
Ainsi, le portrait pouvait être commandité pour des raisons d’ordre sociale, politique ou personnelle. Si le portrait prétend rendre les traits physiques du modèle, il peut également permettre de témoigner de l’appartenance sociale du portraituré ou d’interpréter les qualités psychologiques du sujet. L’art du portrait s’est développé au fil des siècles et chaque époque a développé ses tendances. Les peintres flamands se sont démarqués par le puissant naturalisme de leurs portraits. Au contraire, les maîtres italiens de la Renaissance préféraient sublimer leurs commanditaires et témoigner de leur haut statut social et de leur richesse. À ce moment-là, le portrait de groupe connaît un développement fulgurant sous l’impulsion du génie de Pierre Paul Rubens ou de Van Dyck. L’autoportrait devient également un genre très apprécié des peintres du nord comme en témoignent les œuvres de Rembrandt qui s’est représenté tout au long de sa vie. L’art du portrait a trouvé une résonance particulière en Europe et a connu son âge d’or au 18ème siècle.
L’engouement pour l’art du portrait en peinture a eu une incidence majeure sur le développement du dessin puisque les peintres produisaient des études préparatoires sur papier avant que la commande soit validée et finalisée. C’est d’ailleurs à travers le dessin que les innovations les plus importantes en peinture ont été élaborées. Ainsi, le dessin préparatoire a permis à Piero della Francesca d’étudier la perspective ou à Léonard de Vinci de mettre au point la technique du sfumato, technique délicate qui permettait de fondre les contours grâce à un jeu subtile d’ombres et de lumières et qui est caractéristique son chef-d’oeuvre ultime La Joconde.
Le portrait est un art complexe qui nécessite une grande maîtrise du dessin et qui demande une minutie presque scientifique. La diversité des techniques qu’offre le dessin a permis aux artistes de produire des œuvres à l’esthétique complètement différente. Ainsi, la sanguine permettait aux artistes de rendre avec véracité la carnation de la peau, le pastel adoucissait les traits et le fusain produisait un rendu audacieux et jouait avec les ombres.
L’engouement pour l’art du portrait se justifie aisément en ce qu’il permet de mettre en valeur les qualités physiques du portraituré, d’idéaliser ses traits ou au contraire de le représenter avec véracité. Il est une marque indélébile d’une personne, il fige le temps et capture un moment.
Le genre du portrait en peinture et en dessin a été longtemps très apprécié jusqu’à ce que la photographie ne se développe et propose un tout nouveau moyen de représentation.