Grand travers
Dessin à l'encre et au bic sur une page des “Contes et légendes de la naissance de Rome” (page inconnue).
Encadrement Kraft gommé.
Estimation France : 8,69 €
Aurélie Salvaing s’attache à sous-titrer la vie. Elle trace ainsi des portraits et des attitudes à l'encre et au bic sur des fonds créés à partir de fragments de livres, de cartes. Elle invite les spectateurs à expérimenter différentes profondeurs. Chacune de ses œuvres semble renfermer une porte secrète qui ouvre sur des paysages intérieurs poétiques et sensibles. À l'origine, elle s'amuse à croquer les avocats, pour lesquels elle effectue des recherches, sur des ouvrages promis à la destruction et qui évoquent leurs métiers. La démarche lui semble prometteuse tant les mots ouvrent aux dessins de nouvelles perspectives. Une fois pris son envol, elle conserve son attachement aux textes et si ses premiers travaux sont élaborés uniquement sur et par des écrits, elle s’émancipe rapidement et élabore des techniques singulières en réinventant le palimpseste. De la segmentation et recréation minutieuse des traits de ses débuts, elle s’attaque par la suite au sériel. Elle réitère plusieurs fois le même portrait en lui imposant des variations. Bien qu’il s’agisse d’une œuvre unique à chaque fois, ses portraits maintes fois répétés évoquent les séries de Warhol. Ils se déclinent ensemble ou séparément sur les murs. On peut notamment citer les 22 tableaux sur Camille Claudel pendant le confinement et qui résonnent comme une interrogation sur la liberté de mouvement. Ses derniers dessins abordent, eux, la fusion, l’agrégation : elle esquisse plusieurs fois et plus ou moins partiellement le même visage sur des fonds différents puis les amalgame bord à bord. Cette élaboration par étape, presque anatomique, permet d’illustrer l’éternelle évolution de l’être humain. La réplication d’un même portrait à la main sur des supports différents, par le simple fait que l’identique est impossible, installe une légère dissension, un mouvement délicat accentué par l’apparente fragilité du papier. Des plus plus baroques à l’apparent minimalisme de ses dernières œuvres, chaque personnage semble vouloir sortir ou se fondre dans la page.
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